Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/351

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grands crimes, dormir sous le toit domestique, viciant l’air de leur haleine impure.

Au milieu de ces regards sombres, de ces sorties furtives, de ces allées et venues de nuit, de ces terreurs secrètes qui font frissonner le coupable, une horrible lueur s’échappe parfois et vient éclairer l’enfant éveillé sur son grabat. Parfois même, les parents, cela est infâme, mais cela est, emploient leurs enfants dans leurs sinistres expéditions, les envoient en éclaireurs — on ne se défie pas de l’innocence, — et pour leur faire aimer le vin les laissent quelque peu mordre à la grappe.

« La société, au lieu de guérir ces malheureux, les laissera se gangrener jusqu’à la mort… et alors de même que le peuple croit le fils du bourreau forcément bourreau… on croira le fils d’un criminel forcément criminel… et alors on regardera comme le fait d’une hérédité inexorablement fatale, une corruption causée par l’égoïste incurie de la société… »


DIXIÈME ARTICLE.


Nous l’avons dit dans notre dernier numéro, la société ne prend aucun souci des orphelins que sa justice a faits ; nous avons cité les lignes énergiques dans lesquelles M. Sue dénonce cette incurie profonde et les tristes effets qu’elle peut produire quand les enfants du coupable ont déjà mouillé leurs lèvres à la source du crime ; maintenant, nous suivrons l’auteur plus loin encore, dans l’examen de cette question qui est d’une importance capitale.

« Si malgré de funestes enseignements, l’orphelin que la loi a fait reste par hasard laborieux et hon-