Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/380

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par les emprunts écrasants qu’ils sont forcés de contracter afin d’attendre le retour du travail, leur seule ressource, et de soutenir leur famille, dont ils sont l’unique appui. »

Imaginez une banque établie d’après ces principes et convenez que le sort du pauvre ouvrier serait sensiblement amélioré ; réduit à l’inaction, soit par une fermeture d’atelier, soit par une maladie, il ne serait pas obligé d’emprunter aux juifs de notre époque une petite somme à un intérêt énorme, et il pourrait attendre patiemment ou un nouvel embauchage ou la reprise de ses travaux.

« Pour garantie de ce prêt, le fondateur ne demande à ses frères qu’un engagement d’honneur et une solidarité de parole jurée. À cet engagement adhéreront, comme garants, deux camarades, afin de développer et d’étendre par la solidarité la religion de la promesse jurée. »

Cet engagement d’honneur, qui pourrait sembler à nos spéculateurs du jour une aimable plaisanterie, est cependant suffisant ; car, de mémoire d’usurier, le petit peuple n’a pas manqué à sa parole, et, quoique n’étant lié par aucun écrit, il a toujours intégralement remboursé le capital et les intérêts, à moins de mourir de faim.

« Ne pas dégrader l’homme par l’aumône… ne pas encourager la paresse par un don stérile… exalter les sentiments d’honneur et de probité naturels aux classes laborieuses… venir fraternellement en aide au travailleur qui, vivant déjà difficilement au jour le jour, grâce à l’insuffisance des salaires, ne peut, quand vient le chômage, suspendre ses besoins, ni ceux de sa famille, parce