Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/15

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mérité, vous mettez ce monstre hors d’état de nuire à la société. Qui vous accuserait ? La justice se portera-t-elle partie civile contre vous en faveur d’un pareil bandit ? Serez-vous condamnable pour avoir été moins loin que la loi ne vous permettait d’aller, pour avoir seulement privé de la vue celui que vous pouviez légalement tuer ? Comment, pour défendre ma vie ou pour me venger d’un flagrant adultère, la société me reconnaît le droit de vie et de mort sur mon semblable… droit formidable, droit sans contrôle, sans appel, qui me constitue juge et bourreau… et je ne pourrais pas modifier à mon gré la peine capitale que j’aurais pu infliger impunément ? et surtout… surtout lorsqu’il s’agit du brigand dont nous parlons ? car la question est là… Je laisse de côté notre position de prince souverain de la Confédération germanique. Je sais qu’en droit cela ne signifie rien ; mais en fait il est des immunités forcées ; d’ailleurs, supposez un tel procès soulevé contre monseigneur ; que d’actions généreuses plaideraient pour lui ! que d’aumônes, que de bienfaits alors révélés ! Encore une fois, dans les conditions où elle se