Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/256

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— Eh bien ! non, je ne vous dirai pas mon histoire ; je la garde pour madame de Fonbonne que voilà.

C’était une grosse petite femme de cinquante ans, très-prétentieuse et très-ridicule, dont le menton touchait la gorge, et qui montrait toujours le blanc de ses gros yeux en parlant de son âme, des langueurs de son âme, des besoins de son âme, des aspirations de son âme… Elle portait ce soir-là un affreux turban d’étoffe couleur de cuivre, avec un semis de dessins verts.

— Je le garde pour madame de Fonbonne — s’écria le duc.

— De quoi s’agit-il donc, monsieur le duc ? — dit madame de Fonbonne, en minaudant, en roucoulant et en commençant à faire les yeux blancs, comme dit le peuple.

— Il s’agit, madame, d’une histoire horriblement inconvenante, indécente et incongrue.

— Ah ! mon Dieu ! Et qui est-ce qui oserait ? qui est-ce qui se permettrait ?

— Moi, madame ; ça ferait rougir un vieux