Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/279

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la semaine nous faisions de la musique à nous trois, le matin. Le beau ténébreux soupirait, disait quelques tendres mots à voix basse ; il glissa deux ou trois billets. Je craignais encore plus sa prose que ses paroles ; mais une femme est toujours indulgente pour les premières déclarations qu’elle reçoit : celles de mon protégé ne lui nuisirent pas ; l’important pour lui était d’obtenir un rendez-vous. Cette petite marquise avait plus de principes que d’amour, ou plutôt elle n’avait pas assez d’amour pour oublier les principes… À son insu, il existait toujours au fond de son cœur un souvenir de Rodolphe qui veillait pour ainsi dire sur elle et combattait ce faible penchant pour M. Charles Robert… penchant beaucoup plus factice que réel… mais entretenu par son vif intérêt pour les malheurs imaginaires de M. Charles Robert, et par l’exagération incessante de mes louanges à l’égard de cet Apollon sans cervelle. Enfin, Clémence, vaincue par l’air profondément désespéré de son malheureux adorateur, se décida un jour à lui accorder ce rendez-vous si désiré.