Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/292

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vert ; sa chemise déchirée paraissait tachée çà et là de quelques gouttes de sang ; ses cheveux bruns, ordinairement bouclés, retombaient roides et emmêlés sur son front livide.

Après avoir encore long-temps marché, les bras croisés, la tête basse, le regard fixe et rouge, M. d’Harville s’arrêta brusquement devant son foyer éteint, malgré la forte gelée survenue pendant la nuit. Il prit sur le marbre de la cheminée cette lettre qu’il relut, avec une dévorante attention, à la clarté blafarde de ce jour d’hiver :

« Demain, à une heure, votre femme doit se rendre rue du Temple, no 17, pour une amoureuse entrevue. Suivez-la, et vous saurez tout… Heureux époux ! »

À mesure qu’il lisait ces mots, déjà tant de fois lus pourtant… ses lèvres, bleuies par le froid, semblaient convulsivement épeler lettre par lettre ce funeste billet.

À ce moment la porte s’ouvrit, un valet de chambre entra.

Ce serviteur, déjà vieux, avait les cheveux gris, une figure honnête et bonne.