Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/38

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— Lorsque Duresnel fut jeté au bagne, sa femme, réduite à la plus profonde misère, prit le nom de Georges.

— Dans cette cruelle position, elle ne s’est donc pas adressée à la marquise d’Harville, sa parente, sa meilleure amie ?

— La marquise était morte avant la condamnation de Duresnel, et depuis, par une honte invincible, jamais madame Georges n’a osé se présenter à sa famille, qui aurait certainement eu pour elle les égards que méritaient tant d’infortunes. Pourtant… une seule fois, poussée à bout par la misère et par la maladie… elle se résolut à implorer les secours de M. d’Harville, le fils de sa meilleure amie… Ce fut ainsi que monseigneur la rencontra.

— Comment donc ?

— Un jour il allait voir M. d’Harville ; à quelques pas devant lui marchait une pauvre femme, vêtue misérablement, pâle, souffrante, abattue. Arrivée à la porte de l’hôtel d’Harville, au moment d’y frapper, après une longue hésitation, elle fit un brusque mouvement et revint sur ses pas, comme si le courage