Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/58

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— Peu de temps après ces événements, nous arrivons en Amérique. Monseigneur avait affrété un brick danois à Saint-Thomas ; nous visitions incognito toutes les habitations du littoral américain que nous côtoyions… Nous fûmes magnifiquement reçus par M. Willis… Le lendemain de notre arrivée, le soir, après boire, autant par excitation du vin que par forfanterie cynique, M. Willis nous raconta, avec d’horribles plaisanteries, l’histoire de David et de Cecily ; car j’oubliais de vous dire qu’on avait fait aussi jeter cette malheureuse au cachot, pour la punir de ses premiers dédains. À cet affreux récit, S. A. crut que Willis se vantait ou qu’il était ivre ; cet homme était ivre, mais il ne se vantait pas. Pour dissiper son incrédulité, le colon se leva de table en commandant à un esclave de prendre une lanterne et de nous conduire au cachot de David.

— Eh bien ?

— De ma vie je n’ai vu un spectacle aussi déchirant. Hâves, décharnés, à moitié nus, couverts de plaies, David et cette malheureuse fille, enchaînés par le milieu du corps, l’un à