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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/117

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comme c’est environ un chemin de luxe, il profitera un jour à ceux qui ont chevaux et voitures, mais il profitera d’abord à ceux qui n’ont que leurs deux bras, du cœur et pas de travail. Ainsi, par exemple, un gaillard robuste frappe-t-il à la ferme en disant : J’ai faim et je manque d’ouvrage. — « Mon garçon, voilà une bonne soupe, une pioche, une pelle, on va vous conduire au chemin d’Écouen, faites chaque jour deux toises de cailloutis, et chaque soir vous aurez quarante sous, une toise vingt sous, une demi-toise dix sous, sinon rien. » — Moi, à la brune, en revenant des champs, je vais inspecter le chemin et m’assurer de ce que chacun a fait.

— Et quand on pense qu’il y a eu deux sans-cœur assez gredins pour manger la soupe et voler la pioche et la pelle ! — dit Jean-René avec indignation — ça dégoûterait de faire le bien…

— Ça, c’est vrai — dirent quelques laboureurs.

— Allons donc ! mes enfants — reprit le père Châtelain. — Voire… on ne ferait donc ni plantations ni semailles, parce qu’il y a des