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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/204

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— Elle est, avec ses enfants, sa petite charrette et son âne, dans la cour des granges, mademoiselle.

— Tu vas la voir, Marie, la pauvre femme, — dit Clara en prenant le bras de la Goualeuse ; — comme elle est pâle et comme elle a l’air triste avec son grand deuil de veuve. La dernière fois qu’elle est venue voir maman, elle m’a navrée ; elle pleurait à chaudes larmes en parlant de son mari, et puis tout à coup ses larmes s’arrêtaient, et elle entrait dans des accès de fureur contre l’assassin. Alors… elle me faisait peur, tant elle avait l’air méchant ; mais, au fait, son ressentiment est bien naturel !… l’infortunée !… Comme il y a des gens malheureux !… n’est-ce pas, Marie ?

— Oh ! oui, oui… sans doute… — répondit la Goualeuse en soupirant d’un air distrait ; — il y a des gens bien malheureux, vous avez raison, mademoiselle…

— Allons ! — s’écria Clara en frappant du pied avec une impatience chagrine — voilà encore que tu me dis vous… et que tu m’appelles mademoiselle ; mais tu es donc fâchée contre moi, Marie ?