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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/221

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deux mains, son cou et son sein voilés par les bouts carrés du mouchoir d’indienne rouge qui entourait son petit bonnet rond, la Goualeuse, immobile, offrait l’expression la plus saisissante de la douleur et de la résignation.

À quelques pas d’elle, la veuve de l’assassiné, triomphante et encore exaspérée contre Fleur-de-Marie par les imprécations de madame Dubreuil, montrait la jeune fille à ses enfants et aux laboureurs avec des gestes de haine et de mépris…

Les gens de la ferme, groupés en cercle, ne dissimulaient pas les sentiments hostiles qui les animaient ; leurs rudes et grossières physionomies exprimaient à la fois l’indignation, le courroux, et une sorte de raillerie brutale et insultante ; les femmes se montraient les plus furieuses, les plus révoltées. La beauté touchante de la Goualeuse n’était pas une des moindres causes de leur acharnement contre elle.

Hommes et femmes ne pouvaient pardonner à Fleur-de-Marie d’avoir été jusqu’alors traitée d’égal à égal par leurs maîtres.