Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/118

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des dix et douze sous la livre ; est-ce qu’on y peut songer ? Et puis ça sent la cuisine, le pot-au-feu ; au lieu que du lait, des légumes, des fruits, c’est tout de suite prêt… Tenez, un plat que j’adore, qui n’est pas embarrassant, et que je fais dans la perfection…

— Voyons le plat…

— Je mets des belles pommes de terre jaunes dans le four de mon poêle ; quand elles sont cuites, je les écrase avec un peu de beurre et de lait… une pincée de sel… c’est un manger des dieux… Si vous êtes gentil, je vous en ferai goûter…

— Arrangé par vos jolies mains, ça doit être excellent. Mais voyons, comptons, ma voisine… Nous avons déjà vingt-trois francs de nourriture, douze francs de loyer, c’est trente-cinq francs par mois…

— Pour aller à quarante-cinq ou cinquante francs que je gagne, il me reste dix ou quinze francs pour mon bois et mon huile pendant l’hiver, pour mon entretien et mon blanchissage… c’est-à-dire pour mon savon ; car, excepté mes draps, je me blanchis moi-même… c’est encore mon luxe… une blanchis-