Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/120

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c’est-à-dire qu’elles les ont portées un mois ou deux en voiture… et les femmes de chambre vont les vendre au Temple… pour presque rien… Ainsi, tenez… j’ai là une robe de très-beau mérinos raisin de Corinthe que j’ai eue pour quinze francs ; elle en avait peut-être coûté soixante, elle avait été à peine portée ; je l’ai arrangée à ma taille… et j’espère qu’elle me fait honneur ?

— C’est vous qui lui faites honneur, ma voisine… Mais, avec la ressource du Temple, je commence à comprendre que vous puissiez suffire à votre entretien avec cent francs par an.

— N’est-ce pas ? On a là des robes d’été charmantes pour cinq ou six francs, des brodequins comme ceux que je porte, presque neufs, pour deux ou trois francs. Tenez, ne dirait-on pas qu’ils ont été faits pour moi ? — dit Rigolette, qui s’arrêta et montra le bout de son joli pied, véritablement très-bien chaussé.

— Le pied est charmant, c’est vrai ; mais vous devez difficilement lui trouver des chaussures… Après ça, vous me direz sans doute qu’on vend au Temple des souliers d’enfants…