Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/122

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ma cage ; et pourtant, comme je vous disais, j’avais déjà trois francs dix sous dans ma tirelire, afin de pouvoir un jour parvenir à une garniture de cheminée.

— Et que sont devenues ces économies ?

— Mon Dieu, dans les derniers temps, j’ai vu ces pauvres Morel si malheureux, si malheureux, que j’ai dit : Il n’y a pas de bon sens d’avoir trois bêtes de pièces de vingt sous à paresser dans une tirelire, quand d’honnêtes gens meurent de faim à côté de vous !… alors j’ai prêté mes trois francs aux Morel. Quand je dis prêté… c’était pour ne pas les humilier, car je les leur aurais donnés de bon cœur.

— Vous entendez bien, ma voisine, que, puisque les voilà à leur aise ils vous les rembourseront.

— C’est vrai, ça ne sera pas de refus… ça sera toujours un commencement pour acheter une garniture de cheminée… C’est mon rêve !

— Et puis, enfin, il faut toujours songer un peu à l’avenir.

— À l’avenir ?

— Si vous tombiez malade, par exemple…