Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/218

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mes forces m’abandonnaient, lorsque le portier, qui était rentré, sonna deux coups : c’était une lettre qu’on annonçait. Craignant, si je n’allais pas la chercher, que le portier ne l’apportât lui-même, M. Ferrand me dit : — « — Va-t’en !… Dis un mot, et ton père est perdu ; si tu cherches à sortir de chez moi, il est encore perdu ; si on vient aux renseignements sur toi, je t’empêcherai de te placer, en laissant entendre, sans l’affirmer, que tu m’as volé. Je dirai de plus que tu es une détestable servante… » — Le lendemain de cette scène, malgré les menaces de mon maître, j’accourus ici tout dire à mon père… Il voulait me faire à l’instant quitter cette maison… mais la prison était là… Le peu que je gagnais devenait indispensable à notre famille depuis la maladie de ma mère… Et les mauvais renseignements que M. Ferrand me menaçait de donner sur moi m’auraient empêchée de me placer ailleurs pendant bien long-temps peut-être…

— Oui — dit Morel avec une sombre amertume — nous avons eu la lâcheté, l’égoïsme de laisser notre enfant retourner là… Oh ! je