Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/220

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restait qu’une chaise, une petite table et ma malle. Je tâchais de me barricader avec cela comme je pouvais, et je me couchais toute habillée. Pendant quelque temps, il me laissa tranquille ; il ne me regardait même pas. Je commençais à me rassurer un peu, pensant qu’il ne songeait plus à moi. Un dimanche, il m’avait permis de sortir ; je vins annoncer cette bonne nouvelle à mon père et à ma mère. Nous étions tous bien heureux !… C’est jusqu’à ce moment que vous avez tout su, mon père… Ce qui me reste à vous dire… — et la voix de Louise trembla… — est affreux… je vous l’ai toujours caché.

— Oh ! j’en étais bien sûr… bien sûr… que tu me cachais un secret — s’écria Morel avec une sorte d’égarement et une singulière volubilité d’expressions qui étonna Rodolphe. — Ta pâleur, tes traits… auraient dû m’éclairer. Cent fois je l’ai dit à ta mère… mais bah ! bah ! bah ! elle me rassurait… La voilà bien ! la voilà bien ! pour échapper au mauvais sort, laisser notre fille chez ce monstre !… Et notre fille, où va-t-elle ? Sur le banc des criminels… La voilà bien ! Ah ! mais aussi… enfin… qui sait ?…