Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/250

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petite île près d’Asnières ; ce sont les plus grands bandits de la terre : le père et le grand-père ont été guillotinés, deux des fils sont aux galères à perpétuité ; mais il reste à la mère, trois garçons et deux filles, tous aussi scélérats les uns que les autres. On dit que, la nuit, pour voler sur les deux rives de la Seine, ils font quelquefois des descentes en bateau jusqu’à Bercy. Ce sont des gens à tuer le premier venu pour un écu ; mais nous n’avons pas besoin d’eux, il suffit qu’ils donnent l’hospitalité à votre dame de province. Les Martial (c’est le nom de mes pirates) passeront à ses yeux pour une honnête famille de pêcheurs ; j’irai de votre part faire deux ou trois visites à votre jeune dame ; je lui ordonnerai certaines potions… et au bout de huit jours elle fera connaissance avec le cimetière d’Asnières. Dans les villages, les décès passent comme une lettre à la poste, tandis qu’à Paris on y regarde de trop près. Mais quand enverrez-vous votre provinciale à l’île d’Asnières, afin que j’aie le temps de prévenir les Martial du rôle qu’ils ont à jouer ? — Elle arrivera demain ici, après-demain elle sera chez eux