Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/259

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Louise reprit, après avoir deux ou trois fois regardé Morel avec inquiétude :

— Je serrais mon enfant contre moi… j’étais étonnée de ne pas l’entendre respirer ; mais je me disais : La respiration d’un si petit enfant… ça s’entend à peine… et puis aussi il me semblait bien froid… je ne pouvais me procurer de lumière, on ne m’en laissait jamais… J’attendis qu’il fît clair, tâchant de le réchauffer comme je le pouvais ; mais il me semblait de plus en plus glacé. Je me disais encore : Il gèle si fort, que c’est le froid qui l’engourdit ainsi.

Au point du jour, j’approchai mon enfant de ma fenêtre… je le regardai… il était roide… glacé… Je collai ma bouche à sa bouche pour sentir son souffle… je mis ma main sur son cœur… il ne battait pas… il était mort !…

Et Louise fondit en larmes.

— Oh ! dans ce moment — reprit-elle — il se passa en moi quelque chose d’impossible à rendre. Je ne me souviens plus du reste que confusément, comme d’un rêve ; c’était à la fois du désespoir, de la terreur, de la rage, et, par-dessus tout, j’étais saisie d’une autre