Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/128

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suis approchée du lit de la Goualeuse ; elle dormait profondément ; au contraire de ses compagnes, sa figure était calme et sereine ; ses grands cheveux blonds, à demi détachés sous sa cornette, tombaient en profusion sur son col et sur ses épaules. Elle tenait ses deux petites mains jointes et croisées sur son sein, comme si elle se fût endormie en priant… Je contemplais depuis quelques moments avec attendrissement cette angélique figure, lorsqu’à voix basse et avec un accent à la fois respectueux, triste et passionné… elle prononça un nom…

— Et ce nom ?

Après un moment de silence, madame Armand reprit gravement :

— Bien que je considère comme sacré ce que l’on peut surprendre pendant le sommeil, vous vous intéressez si généreusement à cette infortunée, madame, que je puis vous confier ce secret… Ce nom était Rodolphe.

— Rodolphe ! — s’écria madame d’Harville, en songeant au prince. Puis, réfléchissant qu’après tout Son Altesse le grand-duc de Gérolstein ne pouvait avoir aucun rapport