Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/211

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les méchants, l’autre pour récompenser les bons.

Le peuple verrait alors que, s’il est de terribles châtiments pour le mal, il est d’éclatants triomphes pour le bien ; tandis qu’à cette heure, dans son naïf et rude bon sens, il cherche en vain le pendant des tribunaux, des geôles, des galères et des échafauds.

Le peuple voit bien une justice criminelle (sic), composée d’hommes fermes, intègres, éclairés, toujours occupés à rechercher, à découvrir, à punir des scélérats.

Il ne voit pas de justice vertueuse[1], com-

  1. Quelques jours après avoir écrit ces lignes, nous relisions le Mémorial de Sainte-Hélène, ce livre immortel qui nous semble un sublime traité de philosophie pratique ; nous avons remarqué ce passage, qui nous avait jusqu’alors échappé :

    « Aussi un de mes rêves (c’est l’empereur qui parle), nos grands événements de guerre accomplis et soldés, de retour à l’intérieur, en repos et respirant, eût été de chercher une douzaine de vrais bons philanthropes, de ces braves gens ne vivant que pour le bien, n’existant que pour le pratiquer ; je les eusse disséminés dans l’empire, qu’ils eussent parcouru en secret pour me rendre compte à moi-même ; ils eussent été les espions de la vertu ; ils seraient venus me trouver directement ; ils eussent été mes confesseurs, mes directeurs spirituels, et mes décisions avec eux eussent été mes bonnes œuvres secrètes. Ma grande occupation, lors de mon entier repos, eût été, du sommet de ma puis-