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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/299

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elle naïvement — il faut leur avoir été aussi charitable que possible. »

Avant d’apprendre au lecteur la cause du premier chagrin de Rigolette, nous désirons le rassurer et l’édifier complètement sur la vertu de cette jeune fille.

Nous regrettons d’employer le mot de vertu, mot grave, pompeux, solennel, qui entraîne presque toujours avec soi des idées de sacrifice douloureux, de lutte pénible contre les passions, d’austères méditations sur la fin des choses d’ici-bas.

Telle n’était pas la vertu de Rigolette.

Elle n’avait ni lutté ni médité.

Elle avait travaillé, ri et chanté.

Sa sagesse, ainsi qu’elle le disait simplement et sincèrement à Rodolphe, dépendait surtout d’une question de temps… Elle n’avait pas le loisir d’être amoureuse.

Avant tout, gaie, laborieuse, ordonnée, l’ordre, le travail, la gaieté l’avaient, à son insu, défendue, soutenue, sauvée.

On trouvera peut-être cette morale légère, facile et joyeuse ; mais qu’importe la cause, pourvu que l’effet subsiste !