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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/35

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de cet homme arrache à votre vieillesse ce pain et cet abri…

Ce n’est pas tout. Voyez les effrayantes conséquences de ces spoliations infâmes… Que cette veuve dont nous parlons, madame, meure de chagrin et de détresse ; sa fille, jeune et belle, sans appui, sans ressources, habituée à l’aisance, inapte, par son éducation, à gagner sa vie, se trouve bientôt entre le déshonneur et la faim !… Qu’elle s’égare, qu’elle succombe… la voilà perdue, avilie, déshonorée !… Par sa spoliation, Jacques Ferrand est donc cause de la mort de la mère, de la prostitution de la fille !… il a tué le corps de l’une, tué l’âme de l’autre ; et cela, encore une fois, non pas tout d’un coup, comme les autres homicides, mais avec lenteur et cruauté.

Clémence n’avait pas encore entendu Rodolphe parler avec autant d’indignation et d’amertume ; elle l’écoutait en silence, frappée de ces paroles d’une éloquence sans doute morose, mais qui révélaient une haine vigoureuse contre le mal.

— Pardon, madame — lui dit Rodolphe après quelques instants de silence — je n’ai