Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et peu régulière. Sans doute les crimes de sa famille le révoltaient ; il aimait tendrement les deux enfants ; il les défendait contre les mauvais traitements ; il tâchait de les soustraire à la pernicieuse influence de sa famille ; mais, n’étant pas appuyés sur des enseignements d’une moralité rigoureuse, absolue, ses conseils sauvegardaient faiblement ses protégés. Ils se refusaient à commettre certaines mauvaises actions, non par honnêteté, mais pour obéir à Martial, qu’ils aimaient, et pour désobéir à leur mère, qu’ils redoutaient et haïssaient.

Quant aux notions du juste et de l’injuste, ils n’en avaient aucune, familiarisés qu’ils étaient avec les détestables exemples qu’ils avaient chaque jour sous les yeux, car, nous l’avons dit, ce cabaret champêtre, hanté pas le rebut de la plus basse populace, servait de théâtre à d’ignobles orgies, à de crapuleuses débauches ; et Martial, si ennemi du vol et du meurtre, se montrait assez indifférent à ces immondes saturnales.

C’est dire combien les instincts de moralité des enfants étaient douteux, vacillants, pré-