Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/168

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Puis, revenant par un douloureux contraste à la triste réalité de sa position, madame de Fermont s’écria dans une sorte de délire :

« — Mais il est pourtant impossible que, parce que le notaire le veut, je voie patiemment ma fille réduite à la plus affreuse misère… elle qui avait droit à tant de félicité…

» Si les lois laissent ce crime impuni, je ne le laisserai pas ; car, enfin, si le sort me pousse à bout… si je ne trouve pas moyen de sortir de l’atroce position où ce misérable m’a jetée avec mon enfant, je ne sais pas ce que je ferai… je serai capable de le tuer, moi, cet homme… Après on fera de moi ce qu’on voudra… j’aurai pour moi toutes les mères…

» Oui… mais ma fille ?… ma fille ?

» La laisser seule, abandonnée, voilà ma terreur, voilà pourquoi je ne veux pas mourir… voilà pourquoi je ne puis pas tuer cet homme. Que deviendrait-elle ? elle a seize ans… elle est jeune et sainte comme un ange… mais elle est si belle… Mais l’abandon, mais la misère, mais la faim… quel effrayant vertige tous ces malheurs réunis ne peuvent-ils pas causer à une enfant de cet âge… et alors… et