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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/166

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trouve pâle… Je suis sûr que vous travaillez trop…

— Oh ! non, monsieur Rodolphe, je vous assure que maintenant je suis faite à ce petit surcroît d’ouvrage… Ce qui ne change, c’est tout bonnement le chagrin. Mon Dieu, oui ! toutes les fois que je vois ce pauvre Germain, je m’attriste de plus en plus.

— Il est donc toujours bien abattu ?

— Plus que jamais, monsieur Rodolphe, et ce qui est désolant, c’est que tout ce que je fais pour le consoler tourne contre moi, c’est comme un sort… — et une larme vint voiler les grands yeux noirs de Rigolette.

— Expliquez-moi cela, ma voisine.

— Hier, par exemple, je vais le voir et lui porter un livre qu’il m’avait priée de lui procurer, parce que c’était un roman que nous lisions dans notre bon temps de voisinage. À la vue de ce livre, il fond en larmes ; cela ne m’étonne pas, c’était bien naturel… Dame !… ce souvenir de nos soirées si tranquilles, si gentilles au coin de mon poêle, dans ma jolie petite chambre, comparer cela à son affreuse vie de prison ; pauvre Germain ! c’est bien cruel.