Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il est peu de chagrins, de hontes, qui résistent à trois ou quatre jours de prison passés en commun !

Ceux qui s’épouvantaient le plus de cette hideuse communion s’y habituent promptement ; la contagion les gagne : environnés d’êtres dégradés, n’entendant que des paroles infâmes, une sorte de farouche émulation les entraîne, et, soit pour imposer à leurs compagnons en luttant de cynisme avec eux, soit pour s’étourdir par cette ivresse morale, presque toujours les nouveaux venus affichent autant de dépravation et d’insolente gaieté que les habitués de la prison.

Revenons au parloir.

Malgré le bourdonnement sonore d’un grand nombre de conversations tenues à demi-voix d’un côté du couloir à l’autre, prisonniers et visiteurs finissaient, après quelque temps de pratique, par pouvoir causer entre eux, à la condition absolue de ne pas se laisser un moment distraire ou occuper par l’entretien de leurs voisins, ce qui créait une sorte de secret au milieu de ce bruyant échange de paroles, chacun étant forcé d’entendre