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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/357

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qu’un changement de condition, un changement de casaque, comme Pique-Vinaigre le disait avec une effrayante vérité.

Beaucoup de détenus des prisons centrales, préférant même le bagne, à cause de la vie bruyante qu’on y mène, commettent souvent des tentatives de meurtre pour être envoyés à Brest ou à Toulon.

Cela se conçoit : avant d’entrer au bagne, ils avaient presque autant de labeurs, selon leur profession.

La condition des plus honnêtes ouvriers des ports n’est pas moins rude que celle des forçats ; ils entrent aux ateliers et en sortent aux mêmes heures, enfin les grabats où ils reposent leurs membres brisés de fatigue ne sont souvent pas meilleurs que ceux de la chiourme.

Ils sont libres ? dira-t-on.

Oui, libres… un jour… le dimanche, et ce jour est aussi un jour de repos pour les forçats.

Mais ils n’ont pas la honte, la flétrissure ?

Et qu’est-ce que la honte et la flétrissure pour ces misérables qui, chaque jour, se