Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/87

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l’heure qu’il est, elle ressemble encore à ce portrait… si vous la voyiez vous en seriez frappée.

Sarah n’avait pas eu un cri de douleur, d’effroi, en apprenant que sa fille avait pendant dix ans vécu misérable, abandonnée…

Pas un remords en songeant qu’elle-même l’avait fait arracher fatalement de la paisible retraite où Rodolphe l’avait placée.

Tout d’abord, cette mère dénaturée n’interrogea pas la Chouette avec une anxiété terrible sur le passé de son enfant…

Non ; chez Sarah l’ambition avait depuis long-temps étouffé la tendresse maternelle…

Ce n’était pas la joie de retrouver sa fille qui la transportait, c’était l’espoir certain de voir réaliser enfin le rêve orgueilleux de toute sa vie…

Rodolphe s’était intéressé à cette malheureuse enfant… l’avait recueillie sans la connaître, que serait-ce donc lorsqu’il saurait qu’elle était… sa fille !!

Il était libre… la comtesse veuve…

Sarah voyait déjà briller à ses yeux la couronne souveraine.