Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/260

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m’éloignais, je me disais : — Il mène une si drôle de vie ! il se mêle à de si grandes canailles (j’en sais quelque chose), qu’il risque vingt fois sa peau par jour… et c’est dans une de ces circonstances-là que je pourrai faire le chien pour lui et défendre mon maître, car j’ai bonne gueule… Mais, d’un autre côté, il m’avait dit : — Il faut, mon garçon, vous rendre utile aux autres, aller là où vous pouvez servir à quelque chose. Moi, j’avais bien envie de lui répondre : — Pour moi il n’y a pas d’autres à servir que vous, monsieur Rodolphe. — Mais je n’osais pas. Il me disait : — Allez… — J’allais… et j’ai été tant que j’ai pu. Mais, tonnerre ! quand il a fallu monter dans le sabot, quitter la France, et mettre la mer entre moi et M. Rodolphe… sans espoir de le revoir jamais… vrai, je n’en ai pas eu le courage. Il avait fait dire à son correspondant de me donner de l’argent gros comme moi quand je m’embarquerais. J’ai été trouver le monsieur. Je lui ai dit : — Impossible pour le quart d’heure, j’aime mieux le plancher des vaches… Donnez-moi de quoi faire ma route à pied… j’ai de bonnes jambes, je retourne à