Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/72

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plus j’aurais eu à me faire pardonner, plus dans ma pauvre sphère j’aurais tâché de faire le bien… Car il faut cent bonnes actions pour en expier une mauvaise… Mais songerai-je jamais à expier ce qui à cette heure me cause à peine un remords ?… Tenez… je le sens, j’obéis à une irrésistible influence, contre laquelle j’ai long-temps lutté de toutes mes forces ; on m’avait élevé pour le mal, je cède à mon destin : après tout, isolé, sans famille… qu’importe que ma destinée s’accomplisse honnête ou criminelle !… Et pourtant… mes intentions étaient bonnes et pures… Par cela même qu’on avait voulu faire de moi un infâme, j’éprouvais une satisfaction profonde à me dire : Je n’ai jamais failli à l’honneur, et cela m’a été peut-être plus difficile qu’à tout autre… Et aujourd’hui… Ah ! cela est affreux… affreux…

S’écria le prisonnier avec une explosion de sanglots si déchirants, que Rigolette, profondément émue, ne put retenir ses larmes.

C’est qu’aussi l’expression de la physionomie de Germain était navrante ; c’est que l’on ne pouvait s’empêcher de sympathiser à ce