Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/80

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vous ? après une conduite si généreuse, on s’étonne que l’amour vienne tout d’un coup !… c’est pourtant bien naturel… n’est-ce pas, monsieur Germain ?

La jeune fille dit ces derniers mots avec une naïveté si touchante et si franche, en attachant ses grands yeux noirs sur ceux de Germain, que celui-ci ne comprit pas tout d’abord, tant il était loin de se croire aimé d’amour par Rigolette.

Pourtant ces paroles étaient si précises, que leur écho retentit au fond de l’âme du prisonnier ; il rougit, pâlit tour à tour, et s’écria :

— Que dites-vous ? Je crains… oh ! mon Dieu… je me trompe peut-être… je…

— Je dis que du moment où je vous ai vu si bon pour moi, et où je vous ai vu si malheureux, je vous ai aimé autrement qu’un camarade, et que si maintenant une de mes amies voulait se marier… — dit Rigolette en souriant et rougissant — ce n’est plus vous que je lui conseillerais d’épouser… monsieur Germain.

— Vous m’aimez !… vous m’aimez !…

— Il faut bien que je vous le dise de moi-