Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/112

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soulagera… Mon mari était un bon ouvrier, il s’est dérangé, puis il m’a abandonnée, moi et mes enfants, après avoir vendu tout ce que nous possédions ; je me suis remise au travail, de bonnes âmes m’ont aidée, je commençais à être un peu à flot, j’élevais ma petite famille du mieux que je pouvais, quand mon mari est revenu, avec une mauvaise femme qui était sa maîtresse, me reprendre le peu que je possédais, et ç’a été encore à recommencer.

— Pauvre Jeanne, vous ne pouviez pas empêcher cela ?

— Il aurait fallu me séparer devant la loi ; mais la loi est trop chère, comme dit mon frère… Hélas ! mon Dieu… vous allez voir ce que ça fait que la loi soit trop chère pour nous, pauvres gens : il y a quelques jours je retourne voir mon frère… il me donne 3 fr. qu’il avait ramassés à conter des histoires aux autres prisonniers.

— On voit que vous êtes bien bons cœurs dans votre famille — dit la Lorraine qui, par une rare délicatesse d’instinct, n’interrogea pas Jeanne sur la cause de l’emprisonnement de son frère.