Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/281

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poussant des roucoulements affreux… Il faut que leurs gardiens les apaisent à grands coups de fouet, et en leur lâchant sur la tête des immenses robinets d’eau glacée qui tombent de cent pieds de haut… et ça n’est pas de trop pour les rafraîchir.

— Anastasie, ne vous approchez pas trop des cages de ces insensés… — dit gravement Alfred ; — un malheur est si vite arrivé !

— Sans compter que ça ne serait pas généreux de ma part d’avoir l’air de les narguer ; car, après tout — ajouta Anastasie avec mélancolie — c’est nos attraits qui rendent les hommes comme ça. Tiens, je frémis, mon Alfred, quand je pense que si je t’avais refusé ton bonheur, tu serais probablement, à l’heure qu’il est, fou d’amour comme un de ces enragés… que tu serais à te cramponner aux barreaux de ta cage aussitôt que tu verrais une femme, et à rugir après, pauvre vieux chéri… toi qui, au contraire, t’ensauves dès qu’elles t’agacent.

— Ma pudeur est ombrageuse, c’est vrai, et je ne m’en suis pas mal trouvé ; mais, Anastasie, la porte s’ouvre, je frissonne…