Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/284

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— D’abord… dès le début de leur maladie, quand on les amène ici ; puis peu à peu le traitement agit, la vue de leurs compagnons les calme, les distrait… la douceur les apaise, et leurs crises violentes, d’abord fréquentes, deviennent de plus en plus rares… Tenez, en voici un des plus méchants.

C’était un homme robuste et nerveux, de quarante ans environ, aux longs cheveux noirs, au grand front, au teint bilieux, au regard profond, à la physionomie des plus intelligentes. Il s’approcha gravement du docteur, et lui dit d’un ton d’exquise politesse, quoique se contraignant un peu :

— Monsieur le docteur, je dois avoir à mon tour le droit d’entretenir et de promener l’aveugle ; j’aurai l’honneur de vous faire observer qu’il y a une injustice flagrante à priver ce malheureux de ma conversation pour le livrer… (et le fou sourit avec une dédaigneuse amertume) aux stupides divagations d’un idiot complètement étranger, je crois ne rien hasarder, complètement étranger aux moindres notions d’une science quelconque, tandis que ma conversation distrai-