Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/294

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Un aliéné d’une figure triste, bienveillante et juvénile, agenouillé devant le Maître d’école, tenait sa robuste main entre les siennes, le regardait avec bonté, et d’une voix douce répétait incessamment ces seuls mots : Des fraises… des fraises… des fraises…

— Voilà pourtant — dit gravement le fou savant — la seule conversation que cet idiot sache tenir à l’aveugle… Si chez lui les yeux du corps sont fermés, ceux de l’esprit sont sans doute ouverts… et il me saura gré de me mettre en communication avec lui.

— Je n’en doute pas — dit le docteur pendant que le pauvre insensé à figure mélancolique contemplait l’abominable figure du Maître d’école avec compassion et répétait de sa voix douce : — Des fraises… des fraises… des fraises…

— Depuis son entrée ici, ce pauvre fou n’a pas prononcé d’autres paroles que celles-là — dit le docteur à madame Georges qui regardait le Maître d’école avec horreur ; — quel événement mystérieux se rattache à ces mots, les seuls qu’il dise… c’est ce que je n’ai pu pénétrer…