Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/342

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dit la veuve au bourreau, après avoir de nouveau contemplé sa fille.

Le bourreau continua de garder le silence.

On n’entendait que le grincement sonore des ciseaux et que l’espèce de hoquet et de râle qui de temps à autre soulevait la poitrine de Calebasse.

À ce moment on vit dans le corridor un prêtre à figure vénérable s’approcher du directeur de la prison et causer à voix basse avec lui. Ce saint ministre venait tenter une dernière fois d’arracher l’âme de la veuve à l’endurcissement.

— Je pense — reprit la veuve au bout de quelques moments, et voyant que le bourreau ne lui répondait pas — je pense qu’à cinq ans… ma fille… à qui on va couper la tête… était le plus joli enfant qu’on puisse voir… Elle avait des cheveux blonds et des joues roses et blanches… Alors… qui est-ce qui lui aurait dit que… — Puis, en suite d’un nouveau silence, elle s’écria avec un éclat de rire et une expression impossible à rendre : — Quelle comédie que le sort !!!