Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/348

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mort, et c’est cela que l’on cache à la multitude.

Au contraire, en Espagne par exemple, le condamné reste exposé pendant trois jours dans une chapelle ardente, son cercueil est continuellement sous ses yeux ; les prêtres disent les prières des agonisants, les cloches de l’église tintent jour et nuit un glas funèbre[1].

On conçoit que cette espèce d’initiation à une mort prochaine puisse épouvanter les criminels les plus endurcis, et inspirer une terreur salutaire à la foule qui se presse aux grilles de la chapelle mortuaire.

Puis le jour du supplice est un jour de deuil public : les cloches de toutes les paroisses sonnent les trépasses ; le condamné est lentement conduit à l’échafaud avec une pompe imposante, lugubre ; son cercueil toujours porté devant lui ; les prêtres, chantant les prières des morts, marchent à ses côtés ; viennent ensuite les confréries religieuses, et enfin des frères quêteurs demandent à la foule de quoi dire des messes pour le repos de l’âme du sup-

  1. C’est ainsi que cela se passait en Espagne pendant le séjour que j’y fis de 1824 à 1825.