Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/90

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» Après tout, on donnait ainsi une chance de vie à un misérable que le bourreau attendait, et l’on rendait possible une expérience peut-être utile au salut de tous.

» Mais tenter vos aventureuses médications sur de malheureux artisans dont l’hospice est le seul refuge lorsque la maladie les accable… mais essayer un traitement peut-être funeste sur des gens que la misère vous livre confiants et désarmés… à vous leur seul espoir, à vous qui ne répondez de leur vie qu’à Dieu… Savez-vous que cela serait pousser l’amour de la science jusqu’à l’inhumanité, monsieur ?

» Comment ! les classes pauvres peuplent déjà les ateliers, les champs, l’armée ; de ce monde elles ne connaissent que misère et privations, et lorsqu’à bout de fatigues et de souffrances elles tombent exténuées… et demi-mortes… la maladie même ne les préserverait pas d’une dernière et sacrilège exploitation ?

» J’en appelle à votre cœur, monsieur, cela ne serait-il pas injuste et cruel ? »

Hélas ! le docteur Griffon aurait été touché