Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/94

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ces cruelles formalités aggravaient les maladies.

Et cela n’était ni humain ni juste : c’est parce que le pauvre entre à l’hospice au nom saint et sacré de la charité qu’il doit être traité avec compassion, avec respect ; car le malheur a sa majesté[1]

  1. Ceci n’a rien d’exagéré ; nous empruntons les passages suivants à un article du Constitutionnel (19 janvier 1836). Cet article, intitulé : Une visite d’hôpital, est signé Z., et nous savons que cette initiale cache le nom d’une de nos célébrités médicales, qui ne peut être accusée de partialité dans la question des hôpitaux civils :

    « Lorsqu’un malade arrive à l’hôpital, on a soin d’inscrire aussitôt sur une pancarte le nom de l’arrivant, le numéro du lit, la désignation de la maladie, l’âge du malade, sa profession, sa demeure actuelle. Cette pancarte est ensuite appendue à l’une des extrémités du lit. Cette mesure ne laisse pas d’avoir de graves inconvénients pour ceux à qui des revers imprévus font temporairement partager le dernier refuge du pauvre. Croiriez-vous, par exemple, que ce fut là pour Gilbert, malade, une circonstance indifférente à sa guérison ? J’ai vu des jeunes gens, j’ai vu des vieillards imprévoyants à qui cette divulgation de leur misère et de leur nom de famille inspirait une profonde tristesse.

    » C’est une rude corvée pour un malade que le jour où on l’admet à l’hôpital. Jugez si le malade doit être fatigué dès le lendemain de son arrivée ; dans l’espace de vingt-quatre heures, il s’est vu successivement interrogé : 1o par son propre médecin ; 2o par les médecins du bureau d’administration ; 3o par le chirurgien de garde ; 4o par l’interne de la salle ;