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CHAPITRE I.


l’éducation.


La Levrasse et la mère Major craignant sans doute que je n’essayasse de m’évader, me surveillaient de très-près ; ces précautions étaient inutiles…

— Oui, nous serons amis, bien amis, et pour toujours, — m’avait dit Bamboche, en suite de notre première entrevue, commencée par une rixe, et terminée par une cordiale étreinte.

Autant que moi, Bamboche se montra fidèle à cette promesse d’affection réciproque. Par un singulier contraste cet enfant, d’un caractère indomptable, d’une perversité précoce, d’une méchanceté sournoise et quelquefois même d’une froide férocité, me témoigna dès lors l’attachement le plus tendre, le plus dévoué. Je l’avoue, sans la réalisation de cette amitié fraternelle si long-temps rêvée par moi, sans l’attachement qui me lia bien vite et étroitement à mon compagnon d’infortune, j’aurais tâché de me soustraire par la fuite au cruel apprentissage de mon nouveau métier.

Tout le temps qui n’était pas employé à mes leçons, je le passais avec Bamboche ; je l’écoutais parler de Bas-