heureux et que papa soit récompensé… Nous priions… comme disait maman.
Une détestable pensée me vint à l’esprit ; je me souvins de l’horrible mort du père de Bamboche… celui-là aussi avait travaillé avec une ardeur infatigable… Celui-là aussi avait tendrement aimé son enfant… Et pourtant celui-là aussi était mort abandonné de la bonne sainte Vierge et des hommes… Enfin l’homme-poisson, après avoir assidûment travaillé pendant son enfance et sa première jeunesse, avait voulu échapper — me disait-il — à la misère et à la faim en se donnant la mort.
Bamboche, le disciple du cul-de-jatte, avait donc raison de répéter sans cesse :
— Ceux qui travaillent sont des imbéciles ; ils crèvent de faim ou de misère.
Le naïf récit de Basquine, la scène douloureuse dont j’avais été témoin dans la demeure de son père, donnait malheureusement, à mes yeux, un nouveau poids aux désolantes maximes de Bamboche.
Alors, tout glorieux de ma récente et triste science des hommes, je dis à Basquine :
— Tu vois bien, ton père se crevait à travailler, et la bonne sainte Vierge n’a eu ni pitié ni récompense pour lui ; le père de Bamboche se crevait aussi à travailler, lui, et il est mort au fond des bois, mangé par les corbeaux. Vois-tu, Basquine, c’est des bêtises de travailler ; il vaut mieux s’amuser quand on peut, et se moquer des couennes,… et puis…
Mais la contagion du mal et du vice ne m’ayant pas encore complètement gangrené, je ne pus continuer, tant je fus frappé de l’expression à la fois étonnée, triste