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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/150

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la Levrasse, la mère Major et le paillasse, sans leur payer ce que je leur dois… il faut bien que j’aie aussi mon tour, moi !

— Quand tu dis que tu n’as pas encore trouvé ce que tu cherches, — lui disais-je, — qu’est-ce que cela signifie donc ?

— C’est mon secret, — me répondait Bamboche avec un redoublement de mystère, — ni toi, ni Basquine ne pouvez le savoir ; mais, sois tranquille, il ne me regarde pas seul, il nous intéresse tous trois, ce secret, et dès que cela se pourra, nous filerons.

J’attendais donc patiemment le moment fixé par Bamboche pour notre fuite, lorsque j’appris soudain que l’heure de notre liberté venait de sonner.

Lorsque le théâtre de nos représentations se trouvait au milieu des villes, nous logions à l’auberge ; mais lorsque nous nous établissions en dehors des habitations, nous couchions tous pêle-mêle dans le fourgon et dans la voiture nomade, en partie distribuée comme une cabine de vaisseau ; ceci rendait les entretiens secrets et nocturnes à-peu-près impossibles.

Pendant le souper qui suivit notre répétition générale, réfection prise en plein air, Bamboche m’ayant fait plusieurs signes dont je compris parfaitement le sens, je tâchai de me rapprocher de lui durant le court espace de temps qui séparait la fin du repas de l’heure de notre coucher.

— Pour cette fois, Martin, — me dit Bamboche d’une voix basse, émue sans doute par la gravité de la nouvelle qu’il m’annonçait : — Pour cette fois j’ai enfin ce que je voulais.