Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/194

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— Parce que… quoi ?…

— Parce que je veux vous… faire aller… — répondit Basquine en essayant de donner à sa voix un accent de gaîté.

— Ah ! j’en étais sûr. C’était une plaisanterie, — répondit la voix plus rassurée de la Levrasse, — mais, chère petite, la plaisanterie devient fastidieuse ; voyons, ouvrez donc.

— Bien sûr ? nous aurons du vin sucré ? — reprit Basquine.

— Mais puisque j’en ai deux grands verres pour toi et pour Martin, mauvaise petite diablesse.

Pendant cet entretien, hissé jusqu’à une lucarne de la voiture, je tâchais de voir au dehors ou d’entendre Bamboche ; à ma grande surprise, je sentis par bouffées une forte odeur de soufre, et, au milieu de l’obscurité de la nuit, j’aperçus une lueur, faible d’abord, mais qui, augmentant rapidement, jeta bientôt ses reflets rougeâtres sur la toile blanche de notre tente.

D’un bond je sautai à bas de la chaise où j’étais monté, j’allais dire à Basquine ce que je venais d’observer au dehors, lorsque tout-à-coup un morceau du plancher du vestiaire où nous étions, se détacha presque sous nos pieds, comme s’il eût été scié à l’avance, et maintenu jusqu’alors par un support extérieur ; puis, par cette ouverture de dix-huit pouces carrés, nous vîmes soudain sortir la tête et les épaules de Bamboche.

— Vite… nous dit-il, — venez…

Et il disparut pour nous faire place.

— Passe la première, — dis-je à Basquine.