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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/198

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CHAPITRE XVI.


l’oasis.


Laissant dernière nous la voiture embrasée, nous avions galopé presque toute la nuit.

Peu de temps avant le jour, Lucifer, à bout de ses forces, complètement fourbu, s’était abattu ; impossible à nous de l’obliger à se relever ; nous attendîmes le jour au milieu des bois où nous nous trouvions depuis quelques heures ; nous étions d’une joie folle ; l’impression de frayeur mêlée de pitié que la terrible vengeance de Bamboche nous avait inspirée à Basquine et à moi, s’effara bientôt devant le souvenir des mauvais traitements, des cruautés dont nous avions été victimes ; et ces terribles représailles, dont nous n’étions pas d’ailleurs complices, nous semblèrent méritées.

Dans l’ivresse de notre délivrance, nous faisions vingt projets plus fous les uns que les autres : nous allions enfin goûter toutes les joies, toutes les douceurs d’une vie libre, oisive et riche, car nous étions riches, énormément riches. Bamboche nous l’affirmait ; nous nous gardions