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CHAPITRE XVII.


la chanson.


Deux jours s’étaient à peine écoulés dans le calme et dans la solitude de notre île, que les symptômes d’amélioration morale que j’avais déjà remarqués chez mes deux compagnons, et ressentis en moi, se manifestaient de plus en plus…

Était-ce, si l’on peut s’exprimer ainsi, le changement d’air ?… Je ne sais… mais on eût dit que depuis que nous avions quitté la troupe de la Levrasse et l’atmosphère corrompue dans laquelle nous avions jusqu’alors vécu, nos aspirations devenaient meilleures et s’épuraient chaque jour.

Seulement, nous nous cachâmes d’abord soigneusement les uns aux autres ces heureux et salutaires sentiments, car, hélas ! nous étions déjà assez corrompus pour éprouver la honte du bien.

Les circonstances de la seconde soirée passée dans l’île sont au nombre de mes souvenirs les plus présents.

Nous avions activement et joyeusement travaillé tout le jour nos pommes de terre et nos racines, déjà envahies