Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/233

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Une charmante petite fille, un peu plus grande que Basquine, descendit légèrement de la voiture, et fut suivie de Robert et de la gouvernante.

Celle-ci, s’adressant à ce vicomte âgé de six ans :

— Scipion… voulez-vous goûter maintenant ou plus tard ?

— Nous goûterons ici, n’est-ce pas, Régina ? — dit l’enfant à la petite fille.

— Oh ! — répondit celle-ci d’un air railleur, — je ne dirai ni oui, ni non. Si je disais oui, tu es si contrariant et si volontaire, que tu dirais non.

— Oh ! ça, c’est bien vrai, — ajouta Robert, — Scipion est le plus petit, et il faut faire toutes ses volontés.

— Tiens… puisque j’ai une voiture et que vous n’en avez pas… — répondit orgueilleusement le vicomte.

— Mon père a aussi une voiture, — dit Robert, blessé dans son amour-propre.

— Oui, mais il n’en a qu’une, et il ne te la prête jamais… mon père a cinq ou six voitures… et celle-ci est à moi tout seul pour que je me promène dedans.

— Moi, — dit gaîment Régina, — je suis encore bien plus à plaindre que Robert… papa n’a pas même une voiture…

— Aussi, je te donne une place dans la mienne, — dit le vicomte d’un air conquérant.

Pendant cet entretien, les domestiques, ayant tiré des coffres de la voiture une cantine soigneusement organisée, étendirent des serviettes sur la table de pierre, et y