Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/285

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Ma défiance obstinée ne trouvant rien à répondre à ces objections, je restais muet.

— Allons… — me dit Claude Gérard, — dépêche-toi… il y a trois ou quatre heures que le vol a été commis… tes compagnons, ne te voyant pas revenir, peuvent se lasser de l’attendre… hâte-toi… hâte-toi…

Je l’avoue, quoique pénétré des preuves de compassion, d’intérêt, que me témoignait Claude Gérard, je ne songeai qu’à l’espoir de retrouver Basquine et Bamboche, et de continuer avec eux notre vie vagabonde, s’ils refusaient les offres que je leur apportais.

Je courus vers la fenêtre…

Au moment où j’allais y monter, Claude Gérard m’arrêtant, me dit d’une voix émue en me tendant les bras :

— Embrasse-moi, mon pauvre enfant… que Dieu te conseille et te ramène… soit seul, soit avec tes compagnons.

Je me jetai dans les bras de Claude Gérard sans pouvoir retenir mes larmes, car plusieurs fois, pendant cet entretien, j’avais senti mes yeux humides d’attendrissement ; pouvais-je ne pas être touché de l’ineffable indulgence, de la bonté paternelle avec laquelle cet homme me traitait, moi, complice d’une méchante action qui pouvait avoir pour lui de si funestes résultats ? puis enfin, à sa voix, s’étaient de nouveau réveillés ces remords salutaires dont mes compagnons et moi avions déjà plusieurs fois subi l’influence ; aussi peut-être, sans mon aveugle affection pour Basquine et pour Bamboche, aurais-je accepté la généreuse proposition de Claude Gérard ; mais, m’arrachant de ses bras, je m’élançai vers la fenêtre.