Je ne me défiais aucunement de lui, lorsque, par je ne sais quelle fatalité, il rencontra un jour le Claude Gérard.
» Savez-vous ce qu’il advint ? Au bout de deux heures de conversation, mon homme avait complètement changé, grâce à l’astuce diabolique de l’instituteur.
» Voici le langage que la pauvre dupe me tint, le soir même.
» — Eh bien ! Monsieur le curé, j’ai rencontré ce pauvre Claude Gérard… Savez-vous qu’il parle à merveille… et qu’il donne des raisons excellentes en faveur de l’enseignement populaire ?
» — Ou vous avez pour le peuple une sympathie fraternelle, — m’a dit Claude Gérard, — et alors vous devez tâcher qu’il reçoive autant d’instruction que vous en avez reçu vous-même, puisque l’instruction moralise, améliore ; car, sur cent criminels, il y en a quatre-vingt-quinze qui ne savent ni lire ni écrire.
» Ou vous regardez au contraire le peuple, je ne dirai pas comme votre ennemi, mais comme un antagoniste dont les intérêts sont opposés aux vôtres… Eh bien ! donnez-lui encore de l’éducation ; car, au lieu d’avoir à redouter un ennemi que la misère et l’ignorance peuvent rendre farouche, stupide, brutal, féroce, vous aurez un adversaire aux sentiments, à l’esprit, au cœur, à la raison duquel vous pourrez appeler avec succès, parce qu’il sera éclairé.
» — Eh bien ! Monsieur le curé, — me dit la dupe de l’instituteur, — ce simple langage m’a frappé, tellement frappé, que j’ai rougi de honte et de pitié en voyant un