en songeant qu’il faut vous quitter pour long-temps… pour toujours peut-être.
— Pour toujours… non, non, mon enfant. On est parvenu à me chasser de cette commune… après une lutte de dix années ; mais enfin… dans la commune où je vais me rendre je ne rencontrerai pas, je l’espère, les mêmes haines… Eh bien ! l’an prochain peut-être la personne chez laquelle tu te rends à Paris, t’accordera-t-elle un congé de quelques jours… Alors, pauvre enfant, nous aurons une grande joie… nous qui en avons eu si peu…
— Ah ! mon ami, si vous l’aviez voulu… je ne vous aurais pas quitté… j’aurais continué de partager vos travaux…
— Non, non, mon enfant… cet avenir ne saurait être le tien… une position inespérée s’offre à toi… ne pas l’accepter serait insensé ; tu n’auras jamais de protecteur plus bienveillant que M. de Saint-Étienne. Il a cru contracter envers moi une grande dette de reconnaissance, parce qu’il y a deux ans j’ai sauvé son château du pillage.
— Et sa vie, peut-être… et cela au péril de la vôtre, mon ami…
— Soit… mais sauf quelques livres élémentaires pour ma classe, j’ai toujours refusé les offres qu’il m’a faites pour me témoigner sa gratitude… il a cru enfin trouver le moyen de me le prouver. Il joue maintenant un rôle important à Paris. En cherchant un homme intègre et sûr pour remplir auprès de lui un poste de confiance, il m’a écrit et m’a proposé d’être son secrétaire intime, acceptant d’avance mes conditions… J’ai refusé…