Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/397

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bourse et bras… enfin, à vie et à mort… comme chez la Levrasse… et s’il vient jamais à Paris… voilà mon adresse… Ne craignez rien pour lui… je peux être utile même à un honnête homme…

— Et cette adresse ! — m’écriai-je involontairement et les yeux pleins de larmes.

— Cette adresse… — dit Claude Gérard en faisant un pas vers sa petite table noire du tiroir de laquelle il tira une enveloppe cachetée, — la voici… Je l’ai mise sous ce pli, mon cher enfant… Une fois à Paris tu seras libre d’en prendre connaissance.

Je saisis vivement l’enveloppe que je considérai silencieusement avec une sorte de crainte.

Claude Gérard poursuivit :

— J’ai long-temps hésité, mon enfant, à te faire cette confidence ; c’est de cette hésitation dont je m’accuse auprès de toi… Je devais être assez certain de la solidité des principes que je t’ai donnés, et de la fermeté de ton caractère pour ne te rien cacher… Cependant, j’ai long-temps redouté pour toi l’influence souvent irrésistible d’une amitié d’enfance… Il ne se passait presque pas de jour où tu ne me parlasses de tes anciens compagnons pour regretter, il est vrai, que, comme toi, ils n’eussent pas rencontré un guide austère et sûr… mais cette préoccupation même prouvait la persistance de ton affection pour Basquine et pour Bamboche.

— Et Basquine, — m’écriai-je, — il ne vous en a rien dit ?

— Rien…

— Pauvre petite ! Elle aura sans doute été victime du crime dont j’ai trouvé quelques traces…